SANS ABRI

Publié le 8 Janvier 2011

SANS ABRI

Sans abri… 

                   A l’Abbé Pierre…

 

Avant de s’endormir sur des pavés trop lourds,

Ils fermeront les yeux peut-être pour toujours

En serrant leur « trésor », là, dans des sacs-poubelle, 

A côté de haillons, leur chien ou leurs gamelles…

 

On a donné l’aumône, ils prendront la monnaie ; 

On garde sa conscience et on se trouve en paix !

Mais ce qu’ils ont perdu ne fait gagner personne

Tant qu’on les laisse au sol où seuls nos pas résonnent !

 

Il leur manque, oh ! bien sûr, tell’ment plus que du pain !

Ils voudraient découvrir un sourire ou une’ main

Tendus vers leur détresse au bord de leur histoire

Et apprendre à renaître… et essayer d’y croire…

 

Et essayer d’y croire !

 

Un homme est mort de froid ou va mourir demain !

Un passant ne sait rien de ce désastre humain !

Et la planète en deuil n’arrête’ra pas les fêtes

Où l’égoïsme aveugle acclame’ toutes’ ses conquêtes…

 

Encore un jour, encore, à passer dans la nuit

Quand le pouvoir du vide est plus fort que l’ennui

Et les feux de leur ciel sont des lueurs rebelles

Où leur vraie dignité, naufragée, reste belle !

 

Ils voudraient résister à ce monde inquiétant

Et surtout, dans la rue, au mépris insolent !

Rien ne les retient plus ! Rien ! ni doute’ ni confiance

Quand pour eux s’en sortir, c’est lâcher l’existence !

 

D’où est venu le drame, où s’en va leur chemin ?

Et par quel accident s’est brisé leur destin ?

Ils étaient morts à terre… et la terre est à vivre !

Auront-ils donc jamais le droit de vivre libres ?

 

Encombrés de chagrins, fatigués de souffrir,

Ils ont un cœur, pourtant, qui ne veut pas mourir :

Un cœur d’Homme, oui ! qui bat et se bat pour la Vie !

Malgré le désamour qui détruit les envies !

 

Ils oublient quelquefois qu’ils avaient des parents !

Peut-être… Il y’a longtemps ! quand ils étaient enfants…

Peut-être des amis… Il faudrait qu’ils relisent

Les pages’ d’un « long journal » où leur passé s’enlise !

 

Leur mémoire a sombré sur des parvis trop durs,

La force écartelée et le dos contre un mur !

Posées sur le bitume, il y’a des bouteilles’ vides

Ou bien quelques seringues’… et leurs bras sont avides !

 

Au fond d’une’ brume épaisse où tout peut « s’effacer »,

Leur esprit s’engloutit : ça guérit de penser !

Et ça trompe’rait leur peine’ : ça suspendrait le drame,

Jusqu’à rompre leurs veines’ ! jusqu’à miner leur âme !???

 

Eux ils n’attendent’ plus rien qu’ils ne pourraient vouloir !

Leur vie est un couloir ! leur demeure, un trottoir !

En passant tout près d’eux, quand les parcours se croisent,

Quelquefois on les plaint, quelquefois, on les toise…

 

Quelquefois on les toise !  

 

On ne verrait plus qu’eux si on les avait « vus » !

Et pourtant, dans les villes’, on marcherait dessus !

Leur sort est sans merci. Leur corps est en rupture !

Et la vie sur leur peau a gravé ses ratures…

 

Sans horizon et sans abri,

Si mal vêtus, si mal nourris,

Sont-ils coupables de malchance ?

Et qu’ont-ils fait de leur souffrance ? 

 

Et qu’ont-ils fait de leur souffrance ?!!!

 

Repoussés par la foule, ils ne sont plus debout !

On les aborde à peine ! On les fuit malgré tout

Comme’ si les approcher faisait peur ou bien honte !

Alors on les exclut et on les laisse’ pour compte !

 

Et on les laisse’ pour compte

 

Jusqu’à ce qu’un regard s’expose à leur regard

Comme un phare’ trop bizarre’… comme une’ lueur d’espoir…

Mais la porte’ qui s’entrouvre aussitôt se dérobe

Quand le regard s’éloigne et que d’autres les snobent ! 

 

Ils vont sourire encore’ pour masquer nos pitiés

Et cacher ce destin qui prend leur dignité !

Ils étaient des enfants habillés de lumière

Avant leur indigence et avant leur misère !

 

Un homme à la radio nous reparle’ de la faim

Sans pardon ni répit, comme un drame inhumain ;

Le bilan si terrible évince’, pour une’ seconde,

L’immense indifférence où se complaît le monde.

 

Et puis le monde’ soudain se retrouve’ quelques bras :

Aux « rendez-vous du cœur » on offre des repas

Comme un éclair d’espoir, un foyer de courage

Mais le poids du retour achève’ tous les mirages !

 

Perdus dans leur désert ou prisonniers des murs,

De se voir isolés entre ces murs si durs,

Ils font leur idéal dans leur vie sans victoire

D’un fauteuil ou d’un bain, oooh ! dans une’ vraie baignoire !

 

Sous leur toit de carton, dans leurs nuits de chiffons,

Ils passeront tous leurs rêves’ à squatter des maisons

(Même’ si sur notre terre on n’est que locataire)…

En préférant les pierres’ à leur statut précaire !

 

Pourtant, comme’ par bravade, ils refuse’ront, des soirs,

De se joindre au « troupeau » pour gagner les dortoirs :

Le confort imposé d’un secours provisoire…

Alors ils partent seuls vers les ponts et les gares ! … … …

 

Dans une autre existence ou dans un autre lieu,

Voudraient-ils croire un peu au bien le plus précieux ?

A « la fraternité des humains, sœurs et frères »,

Qu’ils n’imaginent’ même’ plus, même au bout des prières ?

 

Quand ils s’endormiront sur les pavés trop gris,

Mon Dieu ! qu’un beau matin les ramène à la Vie !

Leur drame a commencé ! Où finira la route ?

Ils n’ont plus de confiance ; ils ont perdu leurs doutes !

 

Ils ont perdu leurs doutes… :

 

Il faut plus que du pain, il faut plus que des mains

Pour leur rendre l’envie de revivre demain !

Ce qu’ils ont à gagner ne peut priver personne,

En libérant des âmes’ que ce drame emprisonne !

 

Ils n’attendraient plus rien qu’ils ne voudraient « pouvoir » !

Et on n’verrait plus qu’eux si on voulait les voir !

Mais s’ils nous touchent’ vraiment, si leur tourment nous blesse,

Alors il faut agir pour que cesse’ leur détresse !

 

Mais combien vont mourir et de froid et de faim

Avant que le désastre à jamais ait pris fin ?

Avant que la planète égoïste ou cruelle

Ouvre au cœur de leur peine une’ voie plus fraternelle ?

 

Car poussés par la foule, ils ne sont plus debout !

Ils sont ivres’… ils sont morts ! Ils ne sont… « rien du tout » !

Et le monde autour d’eux continue son histoire

Sans penser au malheur de leur vie sans victoire !

 

De leur vie sans espoir ! 

 

Avaient-ils une’ vraie chance

Pour une autre existence ?   

Auront-ils une’ vraie chance ?

Une’ vraie chance

 

Pour une autre existence ?!!!

 

 

Autre blog : http://jean-pierre-aimer.blogspot.fr/ 

SANS ABRI

Rédigé par JeanPierreB

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