... PATERNITÉ
Publié le 8 Janvier 2011
Je suis ton père…
J’ai besoin de mots qui déchirent
Ce silence où tu ne dis rien…
Parce que j’ai perdu ta main…
Que c’est ailleurs que tu respires…
Sens-tu qu’au long de ton absence
J’essaie d’éviter mes regrets
Ou de buter sur les jouets
Là, du royaume’ de ton enfance ?…
Oui ! c’est ma force’ de te le dire
Et ma faiblesse’ tout à la fois
Puisque là-bas tu n’entends pas
Ce cri que j’ai voulu t’écrire :
Tu es comme une’ fleur d’espérance
Et le fruit du temps merveilleux
D’un projet qu’on portait à deux
Pour lui donner ton existence…
Je t’ai vu naître à la lumière
Dans nos regards, si près de toi…
Tu as triomphé d’un combat
Sans ennemi et sans colère…
Oh !… chaque’ jour est un grand mystère
Où je te découvre un peu mieux…
Tu grandis… et moi, serai-je’ vieux ?
Mais où que tu vivras sur terre,
Je suis ton père…
Comme un témoin de tes silences,
Le confident de tes chagrins,
Je ne serai jamais trop loin
Si tu as faim de ma présence…
Ton cœur peut battre la chamade
A des millénaires de moi,
Je saurai toujours, comme il bat,
S’il est triste ou s’il est malade…
Viens mon enfant pour ce voyage,
Viens te blottir quand tu as froid ;
Viens te réfugier dans mes bras
A travers la distance et l’âge…
Car dès le jour de ta naissance
J’ai cherché du bonheur pour toi ;
Je n’étais qu’un guide’ maladroit :
Un apprenti de ta croissance…
Fais vite ! Oh !… allume’ ton sourire !
Ton Pipo cherche son Bozo…
Et ton Pipo a le cœur gros
Depuis qu’il ne t’entend plus rire !
Mais viens renaître à la lumière
De cet amour qui est le mien !
Viens resserrer un peu le lien
Qui passe à travers les frontières :
Je suis ton père…
Tu as les yeux clairs de ta mère
Ou bien les miens si on voit bien…
Mais tu l’as puisqu’il t’appartient,
Le trésor de cette’ vie entière !
Mon enfant, fais un beau voyage
Malgré les ennuis, les malheurs
Et garde toujours dans ton cœur
Ce message à travers les âges…
Alors souviens-toi du mystère :
Demain nous précède aujourd’hui !…
Moi aussi quand j’étais petit
J’étais fils et j’en étais fier !
Et si je parle à ce « jeune homme »
Juste à sa place au fond de toi,
C’est que j’ai entendu sa voix
Qui dormait dans mon cœur en somme…
Puisqu’un matin je t’ai vu naître
Et j’ai aimé sans un détour
Ce papa fort et plein d’amour
Que tu pouvais m’inspirer d’être…
Tu sais, chaque’ jour est éphémère !
Tu en découvriras le prix
Lorsque la vie t’aura surpris :
Devenir père… !
C’est un chemin qui nous entraîne
Entre les bonheurs, les soucis,
Qu’ils soient grands ou qu’ils soient petits
Comme’ tant de joies et tant de peines…
Tu sauras des pluies de tendresse
Et des douceurs et des câlins
Pour l’enfant qui tiendra ta main
Et demain sera sa promesse…
Mais tu garderas des images
Et mon visage au fond de toi ;
Un horizon qu’on ne voit pas
Dès qu’on n’entend plus son message…
Et puis si je laisse une absence
Quand je deviendrai « souvenir »
Ou un trait vers ton avenir,
Souviens-toi de moi en silence :
Aussi fort que j’y crois moi-même,
Ne me cherche pas « au passé » !…
Comme aux jours des tendres années,
Dis-moi toujours : « Papa, je t’aime ! »…
Peut-être un rayon de lumière
Alors viendra te rappeler
Que depuis l’heure où tu es né,
Où que tu vivras sur la terre…
De tout mon cœur, je suis ton père !
A mon père…
Je n’avais pas tout dit de mon amour pour toi
Et je crois que, jamais, je n’en dirais assez !
Tu m’as offert cent fois ce qu’on vu mieux que moi
Des regards étrangers à nos moments passés…
L’un à côté de l’autre, et si loin malgré ça,
Que le bonheur est vide avant de le remplir
De tous les souvenirs qu’on garde au fond de soi !
Comme il est lourd alors, le temps qui nous déchire !
Dans le fond de nos cœurs, moi je ne voyais pas
Ce lien qui nous unit par-delà nos absences
Et pourtant je savais la force de ton bras
Quand il me signifiait tant d’efforts en silence :
Ton soutien permanent pour calmer nos tourments.
Près de toi j’ai vécu mes années les plus tendres ;
Le cœur de ma jeunesse au cœur trop grand pour elle
Mais rempli des douceurs qu’un enfant sait attendre,
Blotti dans sa pudeur si tenace et si frêle.
Tu as mis ton esprit, ton courage et ta foi
Pour qu’il n’eût rien manqué dont on ait eu besoin !
Oh ! pardonne’-moi un peu si je ne savais pas
Ce qu’il t’en a coûté de bien-être ou de soins.
Au moins j’aurai vécu cet âge auprès de toi,
Que personne’, non ! jamais ne pourra effacer :
On ne ressent vraiment le Bonheur, quelquefois,
Que lorsqu’il nous revient dans nos larmes séchées
Avec ce qu’y ajoute un regard plus serein,
Plus lucide ou plus sage au bout de notre enfance :
On ne comprend souvent la beauté du chemin
Que lorsqu’on y sent battre un cœur plein d’espérance.
Et mon chemin, là-bas, mon bonheur d’autrefois,
C’était entre vous deux qu’ils avaient commencé…
Entre son âme’ si claire et l’écho de ta joie,
Quand tu prenais sa main pour mieux vous embrasser…
De ces jours de tendresse, il me reste à jamais
Le merveilleux présent de votre union fidèle
Sertie dans votre Amour comme un joyau secret
Dont la flamme aujourd’hui me paraît bien plus belle
Comme’ la belle’ fiancée si douce et maternelle
Qui nous sourit toujours du cœur de sa lumière,
D’un cœur aussi profond que tes regards pour elle,
Elle’ qui, pour toute une’ vie, fit de toi notre père…
L’un à côté de l’autre, il ne pouvait jamais
Rien arriver de trop que votre Amour si grand
Ne surmonte avec force au bout de vos regrets…
Et si j’ai préféré qu’il en soit autrement,
Tu m’as montré pourtant qu’on peut crier « je t’aime »
Sans jamais murmurer ces paroles’ un instant…
Dis ! me pardonne’ras-tu si, bien mieux que moi-même,
D’autres’ avaient déjà su ces choses’-là avant moi ?
Je n’avais pas tout vu de ton amour immense
Mais je sais désormais qu’on peut s’aimer encore
A travers la douleur du vide ou de l’absence,
Et qu’ils sont beaux ces mots, quel que soit leur accord,
Et qu’ils sont merveilleux quand un cœur les entend :
Rien que ces mots d’Amour que tu m’as tant criés
Sans que jamais alors ils me soient assez forts !
Ces mots qui si souvent m’ont tell’ment déchiré
Tout au fond de mon cœur et me déchirent’ encore…
A mon tour aujourd’hui, tendrement je voudrais
Crier vers toi cent fois et de tout mon amour
Ces mots lourds à mon cœur au cœur de mes regrets,
Ces mots purs et si vrais quand ils sont pleins d’Amour…
Rien que ces mots d’Amour
Au fond de mon cœur lourd :
« Mes parents, je vous aime et je vous aimerai
Comme un enfant fidèle à votre douce image,
Cet enfant que je suis, cet enfant que j’étais
Et resterai pour vous jusqu’au dernier voyage…
Et resterai pour vous… jusqu’au dernier voyage ! »…
Ton regard nous déchire…
-fête des Mères 1997-
Ton regard nous déchire
Qui me brise et m’aspire…
Je touche, avec le cœur,
Le fond de ta douleur…
On est là ! c’est la fête,
C’est la fête’ qui s’arrête !
Lancinant ou rebelle,
Le temps lourd est cruel !
Devant, la table est mise :
« Drape’ries blanches’ et chemises »…
Derrière : un long passé
Fort ! et tendre à pleurer !
Tu souffres’ ; on est ensemble
Où ta peine’ nous rassemble :
Dans ce décor fleuri
Où tu n’as pas d’abri !
Ton regard nous approche
Et ton mal nous accroche ;
A travers tes yeux verts,
Un enfer s’est ouvert !
Et j’ai perdu mon rire !
Il n’y a rien de pire
Que de vouloir aimer
Mais sans pouvoir aider !
La détresse est avide
Comme un désert aride :
Tu veux de l’air, de l’« eau » !
Nous n’avons que des mots !
Tu resteras toi-même :
Lucide, oui ! comme on t’aime !
C’est un terrible appel
Que fait la terre au ciel !
Et que le ciel est dense
Et que la vie, intense !
On voudrait tout lâcher !
On voudrait s’évader !
Mais le printemps rayonne
Et les voisins « bourdonnent » !
Ça sent le fumet « gras »
D’un barbecue, là-bas…
Et ça bourgeonne’ de roses :
C’est une’ métamorphose
Qui enterre’ nos hivers,
Nos manteaux, nos impers…
Je crois bien que personne
Ne sait quand son « heure’ sonne »,
A part celui qui sent
Plus pressant le moment !
Pourtant que la lumière
Peut paraître éphémère !
Comme un éclair jailli
D’un horizon trop gris !
Oooh ! qu’on se mêle aux étoiles,
Quand la nuit tend son voile !
Pour rêver, quand on dort,
Au paradis très fort !
Je ne peux rien, tu vois,
Que soutenir ton bras,
Que diriger tes pas,
Que te prêter ma voix
Ou bien, prier tout bas
Et supplier, je crois,
En regardant la croix
Que tu ne comprends pas :
Prisonnier de la cage
Qui grillage’ tes poumons,
Ton cœur est en prison
Et ton corps fait naufrage !
Sous tes cris de silence,
Il y’a trop de souffrance !
Tu voudrais respirer
Sans plus vouloir crier !
Tu es là pour sa fête
Et, pour elle’, tu t’inquiètes :
Mais pour quel lendemain
« Lâche’ras- tu donc sa main » ?
On dit que tout s’arrange :
« La Providence’ faite ange » !
Mais s’il n’y’avait que ça !
Il y a « nous » déjà !
Tu souffres’ ; on te ressemble :
On vit le drame ensemble
Dans ce décor ami
Où le combat t’a pris !
Ton regard nous traverse
Et ton mal nous transperce !
Auprès de ton enfer,
J’ai mon âme à l’envers !
Il souffle un peu de brise
Sur nos lèvres « démises ».
On cherche à retracer
Le passé effacé…
La nappe est arrosée,
Comme’ mouillée de rosée…
Non ! ce n’est pas du vin :
Ça ressemble au chagrin !
Et tes larmes’ nous désarment :
« Qui soutiendra son âme » ?
Au long de ce couloir,
Qui maintiendra l’espoir ?
Devant le ciel immense
Et la nuit qui s’avance,
On voudrait te soigner ;
On voudrait te garder !
Pourtant la vie rayonne
Et d’autres vies « bourdonnent » !
Rien ne s’arrête’ra là !
Comment vivre sans toi ?
Le temps qui fait les roses
Nous reprend tant de choses !
Sous un manteau d’hiver,
Oh ! le printemps qu’on perd !
Je crois bien que personne
Ne sait ce qui résonne
Dans le vide’ bien trop grand
Qu’on laisse en se quittant !
Mais malgré ta misère,
Comme’ ta présence est claire !
Et ton absence, aussi,
Te « gardera ici » !
Que pleuvent’ toutes’ les étoiles
Quand la nuit tend sa toile
Pour y voir quand on meurt
Un univers meilleur !
Je n’souhaite’ plus pour toi
Que te savoir déjà
Soulagé d’un combat
Si terrible’ ! mais pourquoi ?
Ou bien chercher, je crois,
Un refuge ici-bas,
En approchant
Que tu sens mieux que moi !
Pour qu’en quittant la cage
Qui enserre’ tes poumons
Et sortir de prison,
Doux te soit le voyage !
Et je sais que, plus tard,
Beau sera le regard
Qu’on gardera
De toi !
Pour mieux se retrouver
Devant le ciel immense…
Et la nuit qui s’avance
Jusqu’à l’« éternité » !
… Papa !
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